Spécialités chirurgicales et processus d’intégration et de différenciation sociales des contextes professionnels – Emmanuelle Zolesio

Par Emmanuelle Zolesio

2e année de post-doc, Centre Max Weber – UMR 5283

Sous la direction de Bernard Lahire

Le groupe des spécialités chirurgicales tel que défini dans la taxinomie des spécialités médicales regroupe en fait plusieurs types de spécialités aux taux de féminisation, aux propriétés techniques,  aux contraintes temporelles et organisationnelles mais aussi aux  niveaux de légitimité distincts. On distingue en premier lieu les spécialités chirurgicales « pures » (comme la chirurgie digestive, l’orthopédie, la chirurgie cardiaque…) des spécialités médico-chirurgicales (comme l’ORL, l’ophtalmologie…). Les disparités quant à l’intégration des femmes se font aussi sentir puisque le taux de féminisation de la chirurgie dans son ensemble est de 23 % mais qu’il recouvre en forte de forts écarts selon les spécialités. Ainsi, quand la chirurgie ophtalmologique accueille 49 % de femmes en sein, l’urologie ou l’orthopédie n’en comptent que 2 à 5 % (CNOM, 2011). Les  processus d’intégration et de différenciation sociales passent également par des mécanismes spécifiques à chacune de ces spécialités.
Car s’il existe bien une culture médicale commune aux médecins (Becker et al., 1961), il faut voir aussi ce qu’il y a de propre à chaque contexte professionnel et à chaque spécialité.
Comment sont intégrées les femmes dans ces différentes spécialités chirurgicales ? On s’est attachée à étudier le contexte professionnel de la chirurgie digestive (où les femmes représentent 10% des effectifs) (Zolesio, 2010) en le comparant à celui d’autres spécialités chirurgicales, telles que l’orthopédie ou l’ophtalmologie.
On a pu montrer notamment que l’humour grivois était un puissant moyen d’éviction des femmes dans les spécialités marquées par des faibles taux de féminisation (Zolesio, 2009). Si l’humour sexuel est en revanche presque absent en ophtalmologie, cela tient non seulement au fort taux de féminisation de la spécialité, au prestige relativement élevé de la discipline mais aussi à ses propriétés intrinsèques (et au faible dénudement du corps du patient).


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