L’économie acquiert une place prépondérante dans de nombreux travaux scientifiques et ce, quelques soit le champ d’études considéré. C’est en partant de ce constat et en se basant sur la lecture croisée de deux articles scientifiques à savoir : Economic and the social sciences publié en 1950 par l’économiste grec Andreas Papandreou ainsi que l’article du chercheur français Philippe Le Gall intitulé Entre sciences de la nature et sciences humaines : l’économie, sciences des échanges interdisciplinaires, publié en 2002, que ce premier atelier des doctorants du laboratoire TELEMME cherche à définir ou redéfinir la place de l’économie au sein des sciences humaines et sociales (SHS).

L’idée première à travers cette présentation introductive est de savoir quel(s) lien(s) unis(sent) l’économie aux autres sciences, en particulier les sciences sociales. Les articles étudiés permettent d’ores et déjà d’obtenir quelques éléments de réponse en axant la réflexion autour des trois thèmes principaux que sont : la distinction entre « sciences pures » et sciences empiriques, la chronologie des liens existants entre l’économie et les sciences de la nature mais aussi le développement de la relation particulière établie entre le champ de l’économie et les autres sciences sociales.

Bien qu’un demi-siècle sépare les deux articles étudiés, force est de constater que les deux auteurs font le même constat en expliquant que l’économie est une discipline à la lisière entre les « sciences pures » (i.e. mathématiques, physique, mécanique…) et les sciences empiriques autrement dit les sciences de l’expérience dont font partie les SHS. Pour Philippe Le Gall : «  […] l’économie [puise] sa scientificité dans des croisements interdisciplinaires » (LE GALL, 2002, p.3).

Malgré des titres évoquant de manière concomitante l’économie et les SHS, ces deux articles scientifiques se focalisent majoritairement sur l’épistémologie du champ économique. Ainsi, pour Andreas Papandreou, il existerait deux approches permettant de définir l’économie. D’une part le modèle « back room » où un cadre conceptuel impose un travail sur des équations ou des variables. D’autre part, le modèle « front room » où à l’inverse, c’est le système de données/ d’équations qui sert de cadrage pour travailler sur le plan opérationnel.

Si les deux auteurs insistent sur le fait que l’économie s’est construite à partir de « sciences pures » et notamment par analogie avec des concepts de physique ou de mécanique théorique, elle n’en reste pas moins une discipline en perpétuelle évolution qui se nourrie de concepts et d’outils issus des SHS. À ce titre, il existerait un « double mouvement » antagoniste en termes conceptuel entre l’économie et les sciences humaines. En effet, la première souhaiterait à la fois se démarquer mais aussi conquérir les secondes. Ce « double mouvement » est également perceptible dans le sens où l’enjeu des SHS serait d’équiper l’économie d’outils nécessaires à la formulation d’hypothèses opérationnelles.

En conclusion, ces deux documents permettent de rendre compte de l’épistémologie de l’économie en revenant sur les étapes chronologiques de sa conceptualisation et en montrant comment cette discipline se développe au carrefour de nombreuse sciences.

Plusieurs limites et perspectives apparaissent à la lumière de cette lecture croisée. Avant tout, il convient de noter que ces articles proposent une analyse très centrée autour de l’économie en revenant de manière presque élusive sur la question des sciences humaines et sociales. À partir de ce premier travail, il semble donc important d’approfondir l’analyse du rôle joué par les SHS – en déterminant au préalable quelles sciences humaines et sociales considérer – face au vaste champ d’étude incarné par l’économie.